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Alors que le soleil du désert se couchait derrière les hautes montagnes de l'Atlas, je me suis retrouvé à Ouarzazate, souvent surnommée la porte du Sahara. Située à 1 160 mètres d'altitude et nommée d'après la rivière qui la traverse, cette ville de contraste m'a frappé par sa beauté et sa tranquillité.
La naissance de Ouarzazate en 1928 a marqué un chapitre important de l'histoire du Maroc. Elle servit d'avant-poste militaire et se transforma progressivement en capitale administrative de la région du Drâa. Ce qui m'a le plus frappé, c'est sa situation géographique spectaculaire. La ville est perchée au sommet d’un vaste plateau aride, offrant un contraste saisissant avec les sommets enneigés du Haut Atlas.
Au fil du temps, Ouarzazate a vu se développer une industrie hôtelière, ce qui en fait une étape idéale pour les explorateurs comme moi se dirigeant vers les vallées du Dadès et du Drâa. Mais au-delà de ses paysages époustouflants et de ses commodités de voyage, la ville est un centre artisanal dynamique, ce qui m'a conduit aux célèbres tapis Ouzguita de la tribu des Aït Ouaouzguite.
La région des Aït Ouaouzguite est nichée autour du Mont-Siroua du Haut Atlas, abritant une confédération d'une vingtaine de sous-tribus dont certaines sont réputées pour leurs tissages ruraux traditionnels. Parmi ceux-ci figurent les superbes tapis Ouzguita, du nom de la tribu qui élève les moutons Aït-Barka. La laine de ces animaux, à fibres longues et soyeuse, sert de matière première principale aux tapis, leur conférant leur caractéristique unique.
Environ 30% de ces tapis sont fabriqués sur le territoire de la tribu Aït Ouaya, dont le siège est à Amerzeggane. Leurs tapis sont un régal polychrome pour les yeux, chaque nœud étant finement noué sur deux fils de chaîne, séparés par quatre à six fils de trame. Ce qui a attiré mon attention, c'est leur style artistique distinctif : des chaînes de petits diamants courant longitudinalement sur le tapis, imprégnés de teintes vives de jaune, rouge, noir ou marron.
Les 70 % restants des tapis Ouzguita sont produits par diverses tribus. Chaque tapis est une œuvre d’art autonome, dotée d’un charme unique. Ils sont tissés avec un nœud symétrique, et entre les pièces les plus anciennes et les plus récentes, les rangées de nœuds peuvent varier de deux à quatorze. Malgré leur faible hauteur de poils (seulement 1,5 cm), ils sont incroyablement légers par rapport aux tapis du Moyen Atlas, pesant environ 1,5 kg par mètre carré.
En explorant les ateliers, j'ai découvert une gamme étonnante de compositions artistiques. Chez la tribu des Aït Abdallah, j'ai trouvé des tapis avec un usage fréquent d'un fond noir, entouré d'une bande nouée ornée de jaune, rouge, blanc et noir. La tribu des Aït Tamassine présentait des tapis à fond rouge clair, parsemé de petits motifs et parfois centré d'un médaillon carré. Leur particularité ? Trames de couleurs différentes, visibles uniquement sur l'envers du tapis.
Les tribus Aït Semgane et Aït Ouagharda ont particulièrement retenu mon attention, produisant des tapis d'une finesse exquise. Encadrés de trois à cinq bandes et décorés d’un médaillon de diamants concentriques imbriqués, leurs tapis témoignaient véritablement de la profondeur de l’artisanat marocain.
Mon voyage à Ouarzazate a été une expérience vraiment enrichissante, dévoilant la riche tapisserie du patrimoine marocain. À travers les couleurs vives et les motifs complexes des tapis Ouzguita, j'ai découvert des histoires de tribus, de traditions et de savoir-faire intemporel qui continuent de façonner le paysage culturel de cette ville captivante.
Photo de Jure Tufekcic sur Unsplash